Puisqu’il faut être.

Damien Corbet Dim 6 Juin - 21:06

Puisqu’il faut être.

Juillet 1923, Grèce. Sauf l’orgueil, sauf à t’oser…

Ce soir le ciel crache encore, il est venu le temps des pluies qui croulent sans pâlir, des vents qui courent et des orages qui s’emmêlent. Des champs de coquelicots comme un parterre de femmes, des longues tresses de nuages brins, tissés, qui pendent à faillir, il te faut tout.
Tout de son ventre et ses murmures, sauf l’automne et ces « Ce fût… ».
Sauf son cœur, sauf l’après, les cependant, sauf le vent face à l’ennui.
Puisqu’il faut être, il te faut oublier le temps.
Et si… Sauf l’orgueil, sauf à t’oser,
Tu peux rester toi-même en te mêlant aux autres,
Faire de toi l’homme du monde qui sera resté digne d’entendre ses paroles,
Sans mentir à toi-même, et penser, sans être juge de tes maîtres ;
Si tu peux triompher sans craindre la défaite,
Et prendre de tes frères la dignité qu’ils ont d’être du peuple ;
Et si tu sais aimer sans être fou d’amour,
Si tu deviens rêveur sans faire d’eux tes lois
Quand tous les autres les pleureront ;
Et si tu te fais traitre sans toi-même mentir,
Être le sage sans n’être qu’un penseur lorsque les bouches mentent sur toi,
Et que tu cries que le plus beau monument d’un pays n’ai fait ni d’or ni d’argent,
Que le règne n’est pas la somme d’hommes sous la même patrie,
Alors ni les cieux, ni maître ni tirant, ne seront triomphants ;
Et si tu fais de l’inconnu ton frère sans qu’il soit tout pour toi,
Tu brandiras ta force sans cesser d’être doux ;
Alors tu pleureras, mon fils, pour mieux te relever,
Puisqu'il faut être, et devenir un homme.