je suis une pute

"je suis une pute ! " Cette phrase sonne comme une évidence a mon cerveau détraqué. J'ai beau tourné, retourné toutes les possibilités dans mon esprit étriqué, je ne vois pas d'autres choix, je suis une pute c'est tout et voila.... pas une de celles que l'on croise au coin d'une ruelle sombre, perchées sur de hauts talons, habillées d'outrages, et maquillée de déchéance, pas de celle qui se bradent dans des draps souillés ou a l'arrière d'une voiture. Je n'ai pas leurs rêves de m'en sortir, leur volonté de se fuir, je n'ai pas leur peur, je ne sais plus mentir.je ne suis pas non plus de celles que l'on baise dans la soie ou le satin, que l'on exhibe en diner d'affaire, je ne suis pas de celles dont les prix sont affichés, bookés, classifiés. je suis pas agencifiée, notée, occupée,je n'ai pas de liste d'attente, pas de choix a faire, non je suis une pute d'un autre genre. Plus complexe peut etre, moins détectable surement, socialement correcte, acceptée de tous, trop effacée pour etre completement heureuse, trop grande gueule pour etre tout a fait malheureuse. je ne suis pas celles que l'on désire, que l'on attise, que l'on attire, je suis de celle qu'on laisse faire, que l'on accepte juste pres de soi, de celles qui devraient deja etre heureuse d'etre la.Je suis une mere de famille, rangée et délicate, exhibant fierement les stigmates de ses grossesses, ni trop belle, ni trop laide, juste pute et mère. De celles qui vendent leur âme, leur corps, leur vie et leurs idées pour un peu d'amour a recevoir ou a donner, de celles qui se ne se cachent plus pour pleurer..... une pute épouse de métier. Sur les trottoirs de ma dépendance, les billets ne sont pas de banque, on ne m'achete pas, moi ! Derniers sursauts d'orgueil dans ce corps qui porte le deuil, deuil d'une enfance, de l'innoncence... j'ai beau souffrir on ne me paie pas, on m'attendrit, on me negocie, on me dedommage en caresses, en demains, en promesses, on ne m'achete pas, je me vends ! Je suis une pute il faut s'y faire, sans avoir peur de s'en defaire, de celle que l'on prend, un peu de temps en temps que l'on épouse parfois quand on se sens l'âme d'un grand galant, mais je suis sale, je ne l'oublie pas, un jour on part on ne se retourne pas. Les "je t'aime" ont laissés des traces ameres, sida du coeur, syphilis de l'emotion, battue en retraite devant l'homme et sa force tranquille, je ne crie pas, je ne jouis pas, je joue, je donne le change, je veux que l'on m'aime... concessionnaire de concessions, vendeuse de reves bafoués, de faux espoirs de faux semblants, marchandeuse de plaisirs, de désirs,je ne suis pas aimable juste payable d'avance de préférence. Juste payable,baisable.
Comment le coeur se fige-t-il ainsi, se blesse-t-il de tant d'imprudence? quels trous a l'ame, quels bleus au coeur, pour laisser tant de traces? peur de donner ou de recevoir ? se donner pour surtout ne plus s'appercevoir.... elle n'était qu'une enfant celle que l'on a tué avec tant d'application, torturé (sur l'autel) de sa fémininité, masturbée au cérébral bafoué, vendue, pretée, donnée, blessée.... émotionnellement congelée, restée figée au stade du lacrimal débordant, percutionnée d'incomprehensions. Vingt ans apres, impossible a rechauffer........ emotions non nettoyées, gibier evissairé......... abandonnée.